Isbath Madou, artiste chanteuse ivoiro-béninoise

Publié le par musiquesdubenin

Madou.jpgNous n’avions jamais côtoyé l’artiste Madou, de son vrai nom, Isbath Jinadou. Avant de nous accorder cette interview, la béninoise nous convie avec enthousiasme à partager un repas. Au menu, Du riz gras accompagné de quelques délicieuses darnes d’avocats. Ses anecdotes comiques, sa finesse et son élégance achèvent de convaincre sur ses talents d’ancienne actrice, de mannequin et grande hospitalité. Sur les thèmes réconciliation nationale, fête des mères, rôle des artistes, etc. Madou invite au pardon et à un nouveau contrat social entre Ivoiriens.


Swager mag : Madou artiste ivoirienne ou béninoise. Quelle formulation vous sied exactement ?
Merci d’avoir pensé à moi. Je suis Isbath Jinadou alias Madou. Je suis artiste de la chanson. Je suis de nationalité béninoise et je suis ivoirienne par alliance. Je le dis toujours, je suis une panafricaniste. Pour moi, c’est l’Afrique mon pays. La Côte d’Ivoire est ma deuxième patrie. Elle m’a tant donné.
Votre pseudonyme est ‘’Madou’’. A quoi répond celui-ci ?
C’est un nom composé. J’ai pris mon nom de famille ‘’Jinadou’’ ;mon petit nom ( Amonpké qui veut dire en yorouba nous savons que....). Sans oublier mon prénom qui est ‘’Isbath’’. J’ai tout formé. Les gens pensent que c’est un nom ivoirien.


Swager mag : Quel est regard de votre époux sur ce que vous faites ?
Il apprécie bien. Il a découvert mon talent après. Il ne le savait pas quand il me draguait. Il a su plus tard que c’est que j’aime. C’est ma passion. Il me soutient beaucoup moralement et sur tous les plans.


Swager mag : Comment s’est faite votre rencontre avec votre époux ?
Il faut dire que c’est grâce à un de ses amis béninois qu’on sait connu. C’est mon époux qui m’a fait venir en Côte d’Ivoire. Le reste est venu, on s’est regardé et puis bon voilà ! Ça y est quoi ! (Rires). Sans rancune aucune. On reproche au peuple frère du Bénin de ne pas épouser les autres peuples africains.
Moi, je suis la preuve de la femme béninoise qui a tout laissé pour suivre son mari. L’amour se vit à deux. Si l’Ivoirien ou l’Africain va vers une Béninoise, il faut qu’il assume. S’il est prêt à l’épouser, je pense que la dame doit tout laisser pour le suivre.


Swager mag : Qu’est-ce qui s’est passé quand vous avez décidé de venir en côte d’Ivoire ?
Au départ, les parents n’ont vraiment pas compris. Mais comme on dit souvent que l’amour a ses raisons que la raison même ignore, ils ont fini par accepter mon choix. Et comme mon mari était quelqu’un de très correct. Les parents lui ont fait confiance. C’est très délicat parce que ce n’est pas facile. Déjà entre couple ivoirien, ça ne marche pas souvent. A plus fort raison, une étrangère , c’est sûr que ça va chauffer. Mais, il faut savoir gérer. La femme au foyer doit se soumettre et respecter sa belle famille. La belle famille peut ne pas vous aimer mais il faut surpasser cet état d'ame. Il faut respecter sa belle famille. Il faut aussi respecter les consignes de son mari et vice verca. C’est à ce prix qu’on aura la paix du cœur. Surtout, il faut avoir la crainte de Dieu. J’ai la chance d’avoir un mari très compréhensif et ma belle famille est très gentille avec moi.


Swager mag : Comment s’est faite votre rencontre avec la musique ?
Je l’ai commencé à l’école au CEG Gbégamey. A l’époque, c’était les artistes comme Angélique Kidjo et Stan Tohon qui étaient nos aînés. Il y avait eu un test dans les activités de l’école. Il fallait choisir entre le basket et la musique. J’avais commencé le basket et je me suis essayée à la musique. Quand ils m’ont sélectionné. J’ai commencé par danser pour les artistes qui venaient prester au Bénin, tout en allant à l’école. Quand il y a des récitals, je viens je danse et je chante. Sinon, réellement, j’ai commencé par la danse. Et puis, au fur et à mesure, j’ai fait les orchestres. Je me suis forgée sur le tas. J’ai fait aussi le cinéma et le mannequinat. Après ça, je me suis dit : je chante et je danse pour les autres. Je souhaiterais que les autres dansent pour moi. C’est comme ça que la chanson est venue. J’ai pris le micro. La première fois, c’était au Gabon avec l’orchestre POLI RYTHMO. En 1996, sans même sortir mon premier album, j’ai composé une chanson pour les élections très tendues au Bénin à l’époque. Cette chanson a touché le cœur de tous les Béninois. Ce qui m’a permis d’avoir le ‘’Prix de la paix’’. Malgré qu’il ait les aînés et autres. cela a touché le cœur d’un club de jeunes dénommé ‘’Jeunesse et progrès’’ dont le président est M. CHRISTIAN LAGNIDE PDG de LCD International et LA FEDERATION DES ONG du BENIN .Le Prix a été parrainé par feu Monseigneur De Souza qui avait dirigé la conférence des forces vives de la nation au Bénin sous le pouvoir de MATHIEU KEREKOU. C’est à partir de là que j’ai choisi de rentrer en plein dans la musique.


Swager mag : Vous pratiquez depuis 1996 la musique et c’est delà que part votre carrière. Quel bilan pouvez-vous établir aujourd’hui ?
Je ne peux pas établir un bilan à cent pour cent. Mais, en 2006, ça faisait dix ans de carrière. J’ai donc fait le bilan partiel. J’ai marqué un arrêt et j’ai célébré l’événement au Bénin. Je me dis qu’il y a beaucoup à faire. J’ai cinq albums aujourd’hui. Et je prépare un DVD qui va bientôt sortir en Europe. Je pense que le vrai bilan sera établi si un jour j’arrête de faire la musique. Si j’écris un livre sur ma vie, ce serait le vrai bilan.

Qu’est-ce qui est à corriger selon vous ?
Beaucoup de choses ! Chanter c’est bien beau. Tout le monde peut chanter. Malheureusement, tout le monde ne peut pas bien chanter, chanter juste. Quand vous allez au studio, si l’arrangeur connait la musique, il peut vous faire chanter votre chanson autrement. Il y a beaucoup de choses à faire. On ne finit pas d’apprendre. Il faut toujours écouter les gens, surtout ;ceux qui sont expérimentés mème s'ils sont plus jeune que vous. Ce sont eux qui vous donnent des idées pour l’ innovation dans votre carrière musicale. Moi, j’ai deux carrières : celle de femme au foyer et l’autre artistique.


Swager mag : A propos du cinquième album…
Le dernier album ‘’Dari-djimi’’ est sorti l’année passée et j’ai confié à quelqu’un mais hélas . Il y a O’neal Mala, Orentchi et bien autres qui ont fait des featuring sur l’album ; j ai mème interprèté une chanson de Daouda le sentimental. Je leur fais un gros coucou et leur dit merci. Malheureusement, il y a quelque chose qui n’a pas marché.... Des gens ne savent pas ce que c’est que la production et la distribution. Ce n’est pas le fait de prendre l’album et dire que je l’ai déposé quelque part. Non ! Il faut faire une suivie .Ce n’est pas facile ! Avant quand on sortait les albums, le distributeur donne mème une avance. Mais, aujourd’hui, plus rien du tout ne se fait. C’est toi qui fais tout ! Je souhaite vraiment que tout se calme et qu’on ait de vrais producteurs et distributeurs. qui comprennent ce que c’est le showbiz. C’est-à-dire, le côté show et le côté fric. Et si entre temps les pirates nous collent la paix…


Swager mag : La piraterie est le fléau qui gangrène le monde des artistes dans le monde. Quel commentaire ?
On ne pirate que ce qui est bon, me dira-t-on. Mais, si on pirate un artiste qu’on aime, même une copie simple d’un clip ou d’un DVD ou encore d’une chanson, c’est qu’on n’aime pas cet artiste. Il faut que cet artiste arrive à vous faire rêver. Ce dernier que vous piratez, n’arrivera pas à se soigner, à s’habiller correctement et ne pourra pas se nourrir ou se loger. C’est comme si vous l’aider à mourir. Quand on aime quelque chose, on le protège. Or, la piraterie est le mal des artistes. Je me demande si on peut l’éradiquer un jour ? mais je pense qu' il faut une volonté politique pour combattre ce fléau .


Swager mag : Vous devez effectuer un voyage très bientôt. Peut-on savoir votre destination ?
Je vais au Bénin parce que j’ai perdu mon père" El hadj Moustapha Jinadou – paix à son âme. Il y aura une cérémonie le 21 mai 2011 à cotonou. Mais en ce concerne le DVD, il se prépare et très bientôt, on fera la sortie internationale. Sur le DVD, on fait des efforts. Il y a treize clips de qualité de l’artiste Madou.
Votre compatriote l’artiste Affo Love, Dieu est son âme, a vécu en Côte d’Ivoire, avant de passer de pas à trépas. Est-ce qu’elle vous côtoyait ?
Affo Love, Paix à son âme, je l’ai connue. Mais, comme on dit, chacun a son destin. Que Dieu ait son âme. C’est tout ce que je peux dire.
On reproche à tort ou à raison aux artistes des pratiques mystiques pour évoluer. Que répondez-vous ?
Bon ! (Rires). Comme moi, je n’en fais pas ;. Je ne sais pas. Mais, franchement, je pense qu’on n’a pas besoin de ça. Etre artiste, c’est un don de Dieu. L’artiste est un visionnaire. La crise ivoirienne a été préméditée par des artistes ivoiriens. Ils ont dit attention à ceci ou à cela. Moi, je ne juge pas. Le problème est qu’il n’y a pas de moyens financiers. Quand vous passez à la Télé, les gens se disent cet artiste-là a maintenant de l’argent. Alors qu’en réalité, il n’a pas rien du tout. Et quelqu’un vient lui dire qu’il peut faire quelque chose pour lui permettre de vendre des milliers et des milliers de Cd et dètre celèbre .Certains vont essayer. S’il était écrit que votre carrière éclore et vous auriez de l’argent. Çela se réalise et le marabout se réclame ce succès.... Moi !je pense qu’il faut se faire confiance. Si ça ne marche pas, c’est que nous avons une mauvaise organisation, un mauvais coaching autour de nous ,’Artistes. Les gens ne sont pas très professionnels.en Afrique .
On se quitte…
Je voudrais dire merci à l’équipe de l’Intelligent d’Abidjan. Merci de penser aux artistes. C’est un journal politique, mais vous avez toujours trouvé un espace pour faire un clin d’œil pour les artistes. On ne peut que vous dire merci. Donnez des informations d’apaisement pour le peuple ivoirien, pour qu’on retrouve la Côte d’Ivoire que moi, mon feu père a eu la chance de connaître avant ma naissance et ma venue en C.I. Parce que dans les années 60, mon père a vécu en Côte d’Ivoire et il m’a tellement parlé en bien de ce pays. Je veux que mes enfants grandissent dans la paix. Je souhaite que L’Intelligent d’Abidjan soit parmi les journaux qui vont toucher le cœur des Ivoiriens pour ne pas qu’ils se haïssent pas. Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
Réalisée par Patrick Krou

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